Cherchez le refuge lors des tempêtes dans votre vie…
Faites-vous partie des personnes qui doivent faire face seules aux épreuves qui se dressent dans votre vie ? Avez-vous l’impression que le monde devient inhospitalier, au point tel, que votre confiance en l’être humain (ainsi qu’en vous-même) s’effrite ?
Que faire lorsque souffle les quatre vents contraires
⇒ La solitude non désirée
⇒ Le sentiment d’être abandonné
⇒ Enfermé dans un monde indifférent
⇒ Aucune sortie de secours
Et que la vie devient précaire
Être seul pour affronter les difficultés est déjà une grande épreuve. Se sentir abandonner et incompris donne à la solitude un goût amère. Le monde qui semblait jusqu’ici viable malgré son indifférence devient inhospitalier.
Se lève alors le dernier vent, plus froid que les autres, de ne pouvoir échapper à cet horizon sans fenêtre.
Mais, il y a une sortie : celle de prendre refuge
Le refuge
Corps, âme, esprit unifiés,
Refuge quand souffle le vent du monde.
Écoute la voix du silence. En son centre s’harmonisent
les chants du monde.
Tiré de : Cinquante-deux questions indiscrètes
pour mieux se connaître¹
Prendre refuge c’est…
C’est se mettre à l’abri des Ténèbres et des puissances de mort, afin de reprendre ses forces dans l’attente de renaître autrement.
Le refuge est un passage vers une vie renouvelée.
Les traditions méditatives qui prennent avec sérieux
la fragilité de l’être humain ont recours au refuge.
Deux grandes traditions du refuge
Dans la Tradition bouddhique, la décision de prendre refuge indique la détermination du méditant ou de la méditante d’aller vers ce qui est beau, vrai et bon; c’est aussi reconnaître notre capacité de comprendre et d’aimer.
Dans cette pratique de la pleine conscience, les Trois Joyaux forment le refuge et procure la protection : Bouddha montre la voie, le Dharma est l’enseignement et enfin la Shanga est la communauté qui réunit dans un même cœur les méditants et les méditantes.
Dans la Tradition chrétienne, le refuge comprend également une trinité : Le Christ est le Maître qui montre la voie. L’Évangile apporte la Parole ainsi que l’enseignement, et la communauté ou la fraternité de prière silencieuse réunit également dans un même cœur les méditants et les méditantes.
Éternel, Mon Dieu ! Je cherche en toi mon refuge…
chante David dans une période de grande détresse (Psaumes 7.1).
Et l’émergence ancienne d’une troisième voie de refuge
Dans la Tradition humanitaire et laïque, la nécessité du refuge apparaît au grand jour comme une voie de salut. La pandémie du Covid-19 met en lumière le pire comme le meilleur de l’humanité. Ses failles comme sa résilience.
Le retour à la simplicité forcée, oblige un détour vers les rapports humains de base, tissés d’entraide et de sollicitude. Les nouvelles technologies de communications si souvent décriées par leur côtés déshumanisants, montrent leurs potentiels de nous rapprocher lors des périodes de distanciation sociale.
Les rapports de proximités sont essentiels à notre survie. Cette crise montre en clair comment en définitive nous sommes fait de relations.
La communauté refuge c’est aussi prendre soin du collectif, de combattre les inégalités sociales qui ont généré depuis au moins les cinquante dernières années les pires crises humanitaires que nous ayons connus dont l’actuelle pandémie. Nous ne sommes pas tous égaux lors de ces situations extrêmes. La société civile, donc nous tous, portons la responsabilité de solidarité.
De l’exil à la pandémie, la vie précaire
Nous sommes tous témoins d’événements politiques planétaires où des millions de personnes fuient leur monde devenu inhabitable à cause des guerres et cherchent désespérément un pays refuge.
Des pandémies nous font découvrir que l’ennemi assiège l’homme de l’intérieur pour se transmettre d’un à chacun.
Les prairies meurent et deviennent des déserts par l’action de l’homme.
Les désordres collectifs se font l’écho des drames intimes et des difficultés personnelles.
D’où l’importance de construire des communautés refuges qui peuvent accueillir et soigner l’autre qui est aussi nous. Nous, inclus notre relation avec nos écosystèmes afin de restaurer les effets du déséquilibre créée par nos actions inconsidérées. À ce sujet – Voir le texte de Jean-Thomas Léveillé du Journal La presse du 23 mars 2020
La communauté refuge est un hôpital
Quand le monde (le monde en particulier ou en général) devient inhospitalier, la communauté s’avère un refuge, un lieu d’accueil compréhensif.
Dans le refuge on peut déposer son fardeau et laisser-aller ce qui est trop lourd à porter.
Participer à une communauté refuge c’est retrouver sa place dans le monde et graduellement ré-apprendre la confiance en soi et en l’autre. La magie de la Shanga et des communautés métamorphosent les déserts intérieurs comme extérieurs en prairies verdoyantes.
Apprendre ce qu’est la fraternité véritable par le biais du silence partagé et des échanges authentiques, c’est éloigner la peur de l’autre et du mal que l’on pourrait subir dans la relation. C’est faire un pas vers la guérison profonde. Oser faire confiance à nouveau, avoir le goût de la rencontre véritable est le chemin privilégié de la méditation qui n’est pas rupture avec le monde.
Méditer pour s’affranchir de la lourdeur du monde
Méditer ne signifie pas qu’il faille parvenir à être détaché de tout, ne plus rien ressentir et être indifférent à la joie et à la souffrance. Au contraire, méditer veut dire devenir capable d’éprouver en profondeur et en toute liberté les sentiments et les émotions humaines, sans se sentir menacé de souffrir. C’est de cette liberté que les grandes traditions de méditation nous invite.
À suivre…
Nous aurons l’occasion de revenir sur ce thème de la communauté refuge que j’affectionne particulièrement.
Note : Le titre de cet article est tiré de la chanson de Paul Baloche — Your Name. (Ton nom.) https://itunes.apple.com/ca/album/a-greater-song/id643042458
¹ Citation tirée de : Cinquante-deux questions indiscrètes pour mieux se connaître – Les carnets de méditation. vol. 1, n° 3
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