Le premier pas et les suivants
Dès notre naissance, nous traversons de nombreuses saisons intérieures. Et pourtant, elles nous apparaissent toujours nouvelles parce qu’elles nous font entrer dans l’inconnu.
Depuis l’enfance, nous avons nos printemps avec de nouveaux projets, nos rêves. Suivent les étés de réalisations, les automnes de récolte et enfin les hivers avec leurs périodes de repli qui préparent le prochain cycle. À chacune de ces saisons, nous découvrons de nouvelles facettes de la vie et de nous-mêmes.
Premiers signes de l’automne
Il y a des automnes volontaires qui semblent couler de source. Ils nous arrivent en douceur, sans heurts notables. Un matin, on se réveille avec le goût d’autre chose. Oh! Rien nécessairement de défini, mais nous sentons que «quelque chose» a changé. Ce qui, hier, était gratifiant nous apparaît fade, l’élan habituel nous manque. C’est l’automne qui frappe à la porte.
L’ennui est un signe automnal. Il s’insinue tel un brouillard matinal dans les recoins de notre esprit. L’ennui est proche du désir, c’est l’invitation à s’ouvrir au renouveau. Lorsque la réflexion manque, l’ennui pousse à l’étourdissement jusqu’à la violence.
Le refus du changement se transforme en immobilisme. C’est le repli étouffant avec une insatisfaction généralisée. La morosité est une nuance terne des intersaisons. Ni tout à fait l’une, ni tout à fait l’autre.
Les automnes subis
D’autres automnes par contre nous apparaissent subis. S’il en est ainsi, c’est que nous n’avons pas su lire certains signes annonciateurs de leurs venues. Ils nous arrivent de l’extérieur, provoqués par un changement brutal de statut social et économique. Le statut d’endeuillé est un automne non désiré.
Ces automnes arrivent également de l’intérieur. Passer de l’état de «bien portant» à celui de malade. Ou encore, la pensée qui semble mûrir d’elle-même. Selon la belle formule de François Jullien, «vieillir a toujours déjà commencé.»
Parce que les rythmes des cycles imposés de l’extérieur ne s’accordent pas toujours avec ceux plus intérieurs, des défis supplémentaires d’adaptation peuvent survenir et être le prologue d’un hiver qui ira en s’étirant.
Conclusion temporaire
L’automne intérieur, lorsqu’il est bien compris, est propice à l’écoute et à la recherche d’un nouvel équilibre. Quitter graduellement la persona rassurante pour explorer un nouveau mode d’être, demande de la patience et de la quiétude.
Dans le prochain article, nous verrons plus en détail le retournement nécessaire pour bien vivre nos automnes.
___________
François Jullien, Les transformations silencieuses, Paris, Grasset, 2009, 78 p.
0 commentaires