Méditer, c’est…
Cette série d’articles présente plusieurs facettes de la méditation. Le méditant et la méditante pourront puiser des aspects particuliers des différentes traditions méditatives, qu’elles soient religieuses ou laïques. Ici, cette dualité s’efface au profit d’une seule et même expérience, celle de la profondeur.
Chacune des approches (pour ne pas redire le mot « traditions ») vient enrichir l’autre et propose une manière d’approfondir ce qu’est la croissance humaine-spirituelle par la voie du silence. Méditer étant le fait d’entrer dans son mystère personnel, le sujet ne saurait être épuisé par ce seul exercice.
Il appartient à chacun et chacune d’entre nous de découvrir à travers son expérience ce que signifie méditer et quel type de méditation lui convient.
La seule évocation du mot méditation entraîne plusieurs significations selon les époques et les contextes, mais un élément central demeure immuable. Cet élément, c’est l’homme ou la femme qui cherche à découvrir une dimension ou une réalité cachée en lui, en elle.
Cette recherche est aussi un acte de croissance naturel qui part du centre de l’être pour irradier vers l’extérieur. Pensez à l’image du tronc d’arbre avec ses cercles concentriques.
La méditation devient le pôle central, le centre autour duquel gravitent nos activités quotidiennes. Ce retour à notre nature originelle est à la base du développement harmonieux de la personne.
Différentes formes de méditation
Il y a de nombreuses pratiques et différentes formes de méditation. Certaines poursuivent le même but en empruntant divers chemins; d’autres ont des visées différentes. Nous pouvons pour notre propos définir trois formes de méditation :
La plus connue de nos jours compte tenu de la mise en marché du bien-être personnel consiste en exercices de silence et d’apaisement de différents malaises, dont le principal est le stress.
La méditation pleine conscience — mindfulness — est largement diffusée et documentée sur le plan scientifique. La médecine et la psychologie redécouvrent la méditation et ses bienfaits pour la réduction des symptômes de plusieurs maladies chroniques altérant la santé physique et mentale. Certaines de ces recherches ont fait ressortir l’importance des valeurs et de la spiritualité dans le processus de guérison de la personne.
La deuxième forme de méditation la plus connue et décrite dans les dictionnaires est la méditation discursive, qui « réfléchit » et intériorise un thème précis. Le sujet développe les attributs de l’objet par le recours à l’intellect et à l’imagination, par exemple un texte ou une image. C’est la pratique courante de méditation dans les ordres religieux occidentaux. D’ailleurs, certaines approches de croissance personnelle utilisent cette méthode, qui conserve une valeur thérapeutique.
Alors que, dans le monde occidental, la méditation discursive a dominé la pratique et continue à attirer des adeptes, en Orient, c’est la méditation réceptive qui prédomine avec de nombreuses variantes et écoles, dont la plus connue est le Zen.
Cette forme de méditation réceptive n’a pas d’objet comme un texte, une image ou un mot répétitif, elle s’appuie sur le souffle, et son nom le dit : c’est une attitude d’attention et de réceptivité à l’expérience du moment.
Une autre forme de méditation est la méditation appelée concentrative pour la distinguer et non pas l’opposer à la méditation réceptive. Elle utilise habituellement une formule répétitive (un mantra) qui favorise la concentration, première étape de la méditation. Certains diront que le mantra équivaut à un objet, et ils auront raison, mais son utilisation n’est pas la même que dans la méditation dite discursive parce qu’elle n’encourage pas le recours à l’imagination.
Il existe des formules mixtes concentratives-réceptives qui ont leur valeur et leur place dans l’univers de la méditation.
Il ne s’agit pas d’opposer ces méthodes, qui ont toutes de bonnes justifications, mais plutôt de reconnaître leurs forces et leurs buts.
Ce que n’est pas la méditation
Certains malentendus persistent au sujet de la nature de la méditation. Précisons que la méditation n’est pas un exercice de relaxation, bien que certains effets de détente y soient rattachés. Ce n’est pas non plus un exercice d’autosuggestion, de pensée positive, ni non plus un exercice de visualisation ou d’imagination.
En termes simples, la méditation consiste en l’immobilité et le silence de manière régulière dans un but de retour à soi. La constance et la régularité propres à la démarche méditative sont la raison pour laquelle la méditation est souvent décrite comme une discipline ou une ascèse.
Ce qu’est la méditation
La méditation est une voie de connaissance profonde de soi et d’intégration personnelle. C’est le chemin vers son être propre et, en fait, l’assise fondatrice de la croissance humaine, qui est l’enracinement.
C’est aussi un moyen pour acquérir un équilibre de vie harmonieux sur les plans émotionnel, relationnel et psychologique, ce qui ne signifie pas que c’est une panacée pour résoudre ses problèmes de vie si une transformation en profondeur ne se fait pas chez la personne.
La méditation est une manière d’être dans le monde dans une recherche constante pour harmoniser et aligner l’agir de la personne avec sa nature profonde (l’Être en soi).
C’est un chemin de croissance psychospirituelle en dehors des religions institutionnelles, bien que les traditions religieuses, surtout dans leur dimension mystique, nourrissent le cheminement du méditant et de la méditante.
Que veut dire le mot « méditation »
Le mot méditation, précise le Père John Main, osb, (1926-1982), vient du latin meditare, qui signifie stare in medio — se tenir au centre. Une signification complémentaire nous vient de Karlfried Graf Dürckheim²,Karlfried Graf Dürckheim (1896-1988) a été diplomate, psychothérapeute et philosophe allemand initié à l'école Zen Rinzai. Voir le document intitulé Biographie à la page Documentation. qui explique que le mot « méditation », au sens littéral meditari – itari in medio, signifie être conduit vers…, et non pas se diriger vers.
La notion d’abandon est présente dans cette attitude d’être conduit vers... Dans la méditation, c’est le centre de l’être, l’Être essentiel, qui concentre le méditant et par le fait même intègre ce qui est divisé dans la personne et la fait passer graduellement du multiple à l’unité. Cette transformation profonde s’étend au-delà du psychique tout en l’englobant pour toucher la personne dans son entier.
Le terme méditation est aussi formé du préfixe med, qui suggère la même racine que medecine. Nous pouvons dire que ce qui conduit vers l’Être essentiel est ce qui guérit et, encore une fois, au-delà du physique et du mental. ◊
¹J. Main, osb. Le chemin de la méditation, Montréal, Bellarmin, 2001, p. 104
Le père John Main (1926-1982), osb, est le fondateur de la méditation chrétienne contemporaine. Voir le document intitulé Biographie à la page Documentation.
²K. G. Dürckheim. Méditer, pourquoi et comment, Paris, Le courrier du livre, 1978, p. 142
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