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Une semaine à vivre

par | Juin 5, 2015

Une semaine à vivre
Comment réagiriez-vous si l’on vous annonçait qu’il ne vous reste qu’une semaine à vivre ?

Voici une question que je posais lors des formations en soins palliatifs à ceux et celles qui désiraient accompagner des personnes en fin de vie. Une question dérangeante qui avait pour but d’amorcer un certain apprivoisement à l’idée de sa propre mort.

Je laisse les espaces blancs suivants pour que vous puissiez y inscrire votre réponse à cette question si vous le désirez ?

Un historie vraie

Maintenant si vous le permettez, j’aimerais vous raconter une histoire à ce sujet, une histoire véridique qui s’est passée voici un peu plus d’une trentaine d’années. Depuis quelques mois déjà, notre équipe accompagnait dans le cadre du programme de soins palliatifs à domicile une famille dont la mère, que je nommerai Nirmala, (qui signifie courageuse), avait reçu un pronostic grave. Vint le moment fatidique. Je lui posai alors cette question : Nirmala, avez-vous un souhait à formuler pour vos derniers jours qui viennent ?

Sans hésitation, sa réponse fut celle-ci : J’aimerais rencontrer mon maître spirituel avant de quitter ce monde et je voudrais, une dernière fois, préparer un repas pour mes enfants et mon mari, et que nous mangions en famille. J’aimerais aussi faire la toilette de ma petite fille (alors âgée de 6 ans) et la coiffer, et coiffer également mon garçon (âgé de 8 ans).

Une réponse simple, venant d’une mère et d’une femme aimante. Silence. J’acquiesce en lui disant que nous l’aiderons à réaliser ses souhaits.

Le maître spirituel (venant de son ashram en Inde) fut invité avec l’aide financière de la communauté religieuse de la famille. Quelques membres de l’équipe responsables des préparatifs du repas accompagnèrent la mère dans la réalisation de son projet (épicerie, entretien ménager et autres actions).

Le moment venu, en début de soirée, c’est la gorge nouée mais avec à une certaine joie que nous prenions congé de la famille pour qu’elle célèbre ensemble, dans l’intimité, ce dernier repas.

Je dois vous dire que, lorsque je suis rentré à la maison ce soir-là, j’ai serré mes enfants un peu plus fort dans mes bras.

Le départ

Deux jours plus tard, après avoir rencontré son guide spirituel, Nirmala nous quittait, sereine. Elle avait accompli ce qu’elle voulait, c’est-à-dire prendre soin une dernière fois de ses enfants et de son mari, leur dire qu’elle les aimait et leur demander de continuer à vivre dans l’amour et de s’entraider au cours de leur vie. Ce dernier repas et les soins prodigués à ses enfants étaient son testament, sa preuve d’amour envers eux.

Il m’arrive encore de passer devant la maison familiale et mon cœur se serre lorsque je me souviens de cette leçon de vie.

Fin de cette histoire.

Mais il y en a une autre.

Celle d’un homme, nommé Jésus, qui, sachant que c’était sa dernière semaine avant de mourir, désirait se rendre à Jérusalem avec ses disciples pour la Pâque. Il était résolu, ne fuyait pas devant sa destinée, qu’il avait choisie.

Pour que naisse une nouvelle humanité

Que fit-il ? Il partagea un dernier repas avec ses proches, la dernière Cène. Il parla à chacun de ceux-ci comme jamais auparavant il ne l’avait fait. Il prit soin d’eux, les servit. Au milieu du repas, il se leva, prit un bassin rempli d’eau et un linge et se mit à laver les pieds de ses disciples. Un de ces derniers gestes fut de servir en demandant de se souvenir de son geste et de le refaire. Mais ce n’est pas seulement le geste en lui-même qui importe, c’est la présence du Maître qui est dans ce geste : Je vous ai donné un exemple afin que vous aussi, vous fassiez comme moi je vous ai fait.  Voyez l’amour et l’affection de Dieu envers vous, comme cette mère pour ses enfants. C’est ainsi qu’une nouvelle humanité naîtra, où être, s’est se donner. Ce geste est le sacrement premier par lequel la justice (qui est l’amour en actes) fait de nous des frères et des sœurs.

En cette période de semaine sainte, souvenons-nous de cette Cène et posons-nous à nouveau la question : Comment réagirais-je si l’on m’annonçait qu’il ne me reste qu’une semaine à vivre ?

Je vous laisse avec quelques espaces blancs et le silence comme guide pour poursuivre votre réflexion. 

Vous pouvez aussi relire : Jean, chap. XII à XVII. 

Si cet article vous a intéressé nous vous suggérons celui-ci : La mort, le voyage intérieur ou avec le livret Comme une tour aux quatre vents en format papier ou PDF

Amitiés et Bonne semaine,

Lionel Sansoucy

Cette lettre a été publiée le 22 mars 2015

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