Accepter simplement le fait d’être accepté !
Ce soir, je vous propose comme réflexion un texte de Paul TillichPaul Tillich (1886-1965), théologien allemand exilé au États-Unis en 1933 se définit comme un théologien du dialogue inter-religieux, avec la culture et la philosophie. Voir le document intitulé Biographie à la page Documentation. sur l’acceptation. Nous savons, par notre expérience intime, chacun et chacune, comme il est difficile d’accepter vraiment l’autre et même de s’accepter soi-même. Voyons comment la pratique de la méditation peut nous aider.
Nous ne pouvons transformer notre vie si nous ne permettons pas qu’elle le soit par un coup de la grâce. Il est possible que cela arrive; ou bien que cela n’arrive pas. En tout cas, cela n’arrive pas si nous essayons de contraindre la grâce, exactement comme cela n’arrive pas si, dans notre suffisance, nous estimons que nous n’en avons pas besoin.
La grâce nous frappe lorsque nous sommes dans la peine ou l’inquiétude. Elle nous frappe lorsque nous marchons à travers la sombre vallée d’une vie absurde et vide. Elle nous frappe lorsque nous sentons que notre séparation est plus étanche que d’habitude, parce que nous avons violé une autre vie, une vie que nous aimions, ou une vie dont nous avions été coupés.
La grâce nous frappe lorsque notre dégoût de nous-mêmes, notre indifférence, notre faiblesse, nos inimitiés, notre manque de fermeté et de sang-froid nous sont devenus intolérables. Elle nous frappe lorsque, année après année, ne se montre aucun signe de la perfection tant désirée, lorsque continuent de régner toujours sur nous, sans changement, les vieilles contraintes, lorsque le désespoir ruine toute joie et tout courage.
Parfois, une onde lumineuse fait alors irruption dans notre obscurité et c’est comme si une voix nous disait : « Tu es accepté. Tu es accepté, accepté par cela qui est plus grand que toi et dont tu ne sais pas le nom. Ne demande pas ce nom maintenant ; peut-être le trouveras-tu plus tard. N’essaye pas de rien faire maintenant; peut-être plus tard feras-tu beaucoup. Ne cherche rien; n’accomplis rien; ne projette rien. Accepte simplement le fait d’être accepté !»
Si cela nous advient, c’est l’expérience de la grâce. Après une pareille expérience, il se peut que nous ne soyons pas meilleurs qu’avant, il se peut que nous ne croyions pas plus qu’avant. Mais tout est transformé. À ce moment-là, la grâce triomphe du péché et la réconciliation comble le fossé de la séparation.
Cette expérience n’exige rien, aucun a priori moral, religieux ou intellectuel, rien que l’acceptation1 .
1 P. Tillich. Les fondations sont ébranlées, ֵéd. Robert Morel, 1967, p. 221-222.
Voici quelques liens avec la méditation et les propos de Paul Tillich :
◊ La méditation nous rend attentif à cette voix qui nous dit : «Arrête de t’en faire, tu es accepté. »
◊ Elle nous rend attentif à cette voix qui nous dit : « Continue malgré ton doute — je t’aime encore plus. »
◊ Elle nous rend attentif à cette voix qui nous dit : « Tu n’as pas à être parfait, la perfection ne t’appartient pas et je suis toujours près de toi. »
◊ Elle nous rend attentif à cette voix qui nous dit : « Tes émotions sont humaines, je t’aime avec.»
◊ Elle nous rend attentif à cette voix qui nous dit : « Ne t’en fais pas si ta compassion est quelquefois partie en vacances, Moi je t’aime et j’aime l’autre également, même si pour le moment tu en es incapable.»
◊ Elle nous rend disponible à cette grâce qui nous aime malgré tout… malgré nous.
◊ Elle nous rend disponible à cette grâce d’accepter d’être consolé malgré la peine plus grande que les mers.
◊ Elle nous rend sensible à l’inquiétude sournoise qui taraude la Paix et nous fait revenir au Silence, signe de la grâce.
◊ Elle nous rend capable d’accepter de ne pas tout comprendre et de faire confiance.
◊ Accepter la grâce d’être accepté… malgré tout, c’est là que nous conduit la prière silencieuse.
Maranatha. Prenons si vous le voulez bien un moment pour nous ouvrir à cette grâce et nous recueillir avec confiance dans ce silence qui nous accueille inconditionnellement. ◊
— Période de méditation suivi de l’échange.
Texte de la rencontre du 6 mai 2014
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