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L’art de la concentration

par | Mai 29, 2015

L'art de la concentration
Un jour, je visitais avec un ami une exposition de peintures d’artistes locaux. Devant une toile qui dégageait un espace de liberté et qui emportait notre imagination au loin, l’un des exposants s’approche de nous et nous demande si nous sommes des artistes et quel art nous pratiquons. Mon ami, qui a beaucoup d’humour et est aussi un méditant, répondit le plus sérieusement du monde : Oui, bien sûr. Après un moment de suspense, il poursuivit: je pratique l’art de la concentration. Ah ?, fut la réponse de notre sympathique artiste, qui ressemblait de plus en plus à un point d’interrogation. Et mon ami d’expliquer qu’en effet nous pratiquions la méditation.

Cette anecdote dégage un enseignement: la méditation est l’art de la concentration. C’est d’ailleurs cette qualité première qui permet de nous enraciner en notre être et de poursuivre notre quête de liberté fondamentale.

Méditer, c’est revenir à sa source. Voilà la route. Il reste à tracer l’itinéraire et, si les indications à suivre pour parvenir au but sont simples, simples au point où  cela semble suspect à l’homme moderne, l’exigence demeure entière de demeurer immobile et en silence et de répéter avec fidélité le mantra ou de rester vigilant à sa respiration, selon l’approche choisie du début à la fin de la période de méditation. C’est ainsi que la méditation développe la capacité de concentration et conduit au niveau de conscience nécessaire à l’ouverture de notre esprit à la réalité vivante en nous.

John Main disait que:

Le but de la méditation chrétienne est de permettre à la présence silencieuse de Dieu en nous de devenir non seulement une réalité, mais davantage la réalité, cette réalité qui donne un sens, un contenu et une raison d’être à tous nos actes, comme à tout notre être¹.

Henri Le Saux* insiste sur la nécessité de notre retour à notre identité foncière et précise que, par conséquent, l’essentiel de la démarche spirituelle est : … silence et immobilité, le wou-wei, le non-faire de Lao-tseu, l’Hésychia, la tranquillité des vieux moines grecs, le recueillement sur soi-même, le retour à la source, à la matrice originelle…²

À l’opposé de la fuite et de la paix béate, le but de la méditation pour K. G. Dürckheim est d’apprendre à ne pas fuir la souffrance, mais à lui faire face par la pratique de la pleine conscience. Et, pour y arriver, il s’agit de s’enraciner en son centre intérieur. La méditation devient une école de l’endurance, de la persévérance et du faire face à la condition humaine.

La méditation n’est pas faite pour découvrir le point où cesse la souffrance. Bien comprise elle apprend au contraire à supporter les soucis et les peines d’une façon juste, c’est-à-dire féconde³. 

Pour le moment, retenons que la méditation est l’art de la concentration, de la vigilance et qu’elle conduit à la maîtrise de l’art de la persévérance. Ces demi-heures de silence en complète immobilité du corps et de l’esprit renforcent notre capacité à faire face aux conditions difficiles de la vie en donnant accès à la véritable source de vie en nos cœurs.

Nous poursuivrons notre réflexion, nourrie par un autre article de la série Méditer, c’est… ◊

¹ John Main, 1995, Un mot dans le silence, un mot pour méditer, Montréal, Le Jour, 1995, p. 17.

² Cité par Éric Eldelman, dans son essai Éveil à soi, éveil à Dieu,

³ K. G. Dürckheim, Méditer,  pourquoi et comment, Paris, Le courrier du livre, 1976, p. 127

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