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Du bon et du mauvais usage de la méditation

par | Mai 30, 2015

Du bon et du mauvais usage de la méditation

La méditation est à la mode du jour. Il n’y a qu’à visiter votre librairie préférée pour voir le nombre de livres traitant de ce sujet. Une simple recherche internet vous permettra de constater ce phénomène.  Il est de bon ton de parler de méditation, cela fait « à la mode ».

On la drape de l’aura de la recherche scientifique pour démontrer ses vertus et vanter des bienfaits presque immédiats.

La réalité est autre

Bien sûr, pratiquer la méditation apporte dans les premiers temps une forme de calme qui peut prendre les apparences de la paix, mais cet état superficiel est trompeur et passager. Les événements quotidiens finissent par avoir raison de ce calme artificiel parce qu’il n’émane pas du centre de l’être.

La nature de la méditation

La méditation n’a pas de sens, et j’oserais dire pas beaucoup d’avenir, si elle ne traverse pas en profondeur notre existence. Si elle n’a pas d’autres buts que restaurer un équilibre vacillant, sans  la volonté de changer les attitudes nuisibles au quotidien, ce sera alors, une expérience décevante.

Méditer n’est pas une technique de relaxation qui permet de chasser les tensions corporelles, ni une panacée qui guérit les différents malaises existentiels.

La méditation est à la fois autre et plus que cela.

Elle exige l’intégrité de l’attitude méditative au quotidien. L’agitation incessante d’une vie éparpillée, un mental encombré, des relations conflictuelles ainsi que l’asservissement à des passions destructrices sont incompatibles avec la méditation.

Ce n’est pas en l’intercalant, même de façon régulière, entre deux tranches de vie qu’il y aura  une transformation véritable. Le changement survient lorsque l’on accorde son attitude personnelle aux valeurs de la méditation.

Des exigences de soins

D’ailleurs, l’ajout de la pratique de la méditation pleine conscience (la mindfulness) dans le traitement de différents problèmes de santé physique et mentale en milieu hospitalier, démontre la nécessité d’accorder une place centrale à la réalisation de ses valeurs profondes pour améliorer sa condition de santé.

Méditer, un art de vivre en profondeur

La méditation concerne l’absolu et ne peut être asservie à l’accidentel sans être travestie.

Elle appartient à la verticalité, à la profondeur (les deux termes sont synonymes), non à l’horizontalité et à la superficialité. Elle vient de la transcendance inscrite dans l’homme et elle y retourne.

Cet art de vivre nous relie à notre nature profonde qui correspond à la source immanente de la vie. L’intégration de ce qui est divisé en l’homme est la véritable guérison. Cet état de repos dépasse le simple bien-être physique et psychique. Méditer c’est emprunter le chemin des hauteurs. Les sentiers sont étroits et, pour passer les cols, le voyageur aura à s’alléger de tout ce qui l’encombre et l’empêche de progresser.

Le sentier des trois vertus

La patience ainsi que la persévérance et la simplicité sont les vertus cardinales de la méditation. On doit aimer l’absolu pour méditer et… Accepter de le perdre.

Car l’absolu n’a ni images, ni formes. Les idoles que nous fabriquons seront ébranlées jusqu’à leurs fondation. Plusieurs couches de croyances devront être mises à nues sur ce chemin de purification.

Se laisser conduire

Méditer, c’est se laisser conduire jusqu’au centre de l’être. Cette ascèse de l’abandon d’un moi tout puissant, exige la conversion du cœur. Le pratiquant devra passer de l’extérieur à l’intérieur, de la respiration au Souffle, de la technique à la relation intime.

La méditation sans la dimension du mystère apparaît insolite à Marie-Madeleine DavyMarie-Madeleine Davy (1903-1998),philosophe et spécialiste de moyen-Âge et de la mystique. Voir les documents intitulés Bibliographie et Biographie à la page Documentation., qui disait : L’existence s’étalant à l’horizontale, sans option pour la verticale, n’a que faire de la méditation¹.

Le silence de la méditation est plus que l’absence de paroles et des bruits ambiants.

Entrez avec confiance dans ce mystère !

Il en est de même en ce qui concerne l’immobilité du corps, qui ne fait que préparer une position nouvelle dans la vie : celle de se tenir debout face aux éléments du quotidien, tel l’inukshuk. Ici, la verticalité et l’horizontalité se rencontrent, la première métamorphosant la deuxième.

Passer du dehors au dedans

Si nous ne passons pas du dehors au dedans et ne laissons pas à la porte de la mondanité tout ce qui nous entrave, nous ne pourrons pas gravir les hauteurs qui nous séparent de notre moi véritable.

Ce n’est pas un hasard si la transfiguration de Jésus en présence des trois apôtres s’est vécue dans la montagne, loin de la foule. L’histoire relatée nous dit qu’ils redescendirent rejoindre la vie courante en gardant précieusement cette expérience.

Cet enseignement nous montre que la méditante est un être solitaire et silencieux, mais, il n’est pas coupé de l’humanité et de la vie quotidienne des hommes et des femmes qui l’entourent.

Loin d’être un exercice égocentrique visant l’indifférence (il y des pratiques méditatives de ce genre), la méditation dans sa nature originelle, est humble et ouvre sur la véritable fraternité humaine, où l’authenticité et la vérité abolissent l’isolement et le mensonge. C’est un chemin de rencontre en profondeur avec soi et les autres. 

Lectures suggérées

¹Marie-Madeleine Davy, Les chemins de la profondeur, Coll. «Question de Albin Michel», n° 116, Paris, Albin Michel, p.82, 201 p.

 

Et ces trois articles pour prolonger votre réflexion :

 

 Méditer c’est…

 

◊ Les origines et le but de la méditation

 

◊ Pourquoi méditons-nous ?

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